Depuis près de 32 ans, cet hôpital de la région parisienne s'est positionné en spécialiste de cette pratique et le nombre de transplantations pulmonaires réalisées chaque année est en augmentation, notamment grâce au développement de méthodes scientifiques de pointe visant à lutter contre la pénurie d'organes et ainsi diminuer le temps d'attente de greffons. En quoi consiste une greffe du poumon? La greffe du poumon consiste à prélever un poumon sur un donneur en état de mort cérébrale afin de le transplanter dans le thorax d'un receveur. Un parent vivant et majeur - ou exceptionnellement le conjoint - peut également décider de donner un de ses deux poumons au malade. La greffe de poumon permet d'améliorer la qualité de vie d'une personne souffrant d'une maladie cardio-pulmonaire à un stade avancé comme la mucoviscidose, la fibrose pulmonaire ou encore la BPCO (broncho-pneumopathie chronique obstructive). La transplantation pulmonaire est la greffe la moins pratiquée car les greffons sains ne sont pas suffisamment nombreux.
Le patient a développé la forme la plus grave de la maladie en très peu de temps "alors qu'il avait des poumons parfaitement sains" avant de contracter la Covid, selon les précisions du Professeur Sébastien Préau, Cette "première greffe pulmonaire en France" pour un malade du Covid s'est parfaitement déroulée même si l'opération fut longue. Depuis cette date du 1er novembre, l'équipe de l'hôpital en région parisienne rend compte au jour le jour de l'évolution de l'état de santé du patient. Il est suivi de très près par les équipes médicales depuis sa greffe. En juin dernier, l'hôpital Northwestern de Chicago aux Etats-Unis avait annoncé avoir fait la première double greffe de poumon américaine sur un malade du Covid. Il s'agissait d'une femme d'une vingtaine d'années, auparavant en bonne santé, dont les poumons avaient été détruits de façon "irréversible" par le Covid-19. L'opération avait duré 10 heures. Franceinfo - France 3 Régions Mots-Clés Thématiques
L'hémorragie et l'œdème pulmonaire induits par ce liquide gastrique ont été réduits au bout de 18 heures et éliminés après 36 heures. Il n'y avait par ailleurs plus aucun signe d'inflammation. La fonction pulmonaire et l'intégrité des tissus ont été conservées rendant ainsi les poumons éligibles à la transplantation. 36 heures de conservation au lieu de 4 heures auparavant «Nous avons passé des années à parfaire cette technologie pour améliorer la récupération et la régénération des organes», souligne le Dr Matthew Baccheta, professeur en chirurgie cardiaque et thoracique à l'université de Vanderbilt qui a piloté l'étude. Actuellement à l'hôpital, il n'est possible de conserver les poumons avant transplantation (sous perfusion en milieu stérile) que durant 4 heures environ. Cela permet aux médecins de vérifier qu'ils sont réellement en bon état, voire de les réhabiliter mais seulement en cas de dommages très légers. La méthode développée par l'équipe du Dr Bacchetta permet de soutenir les poumons durant 36 heures, ce qui laisse beaucoup plus de temps pour les soigner.
Qu'est–ce qu'une greffe? Une greffe est la mise en place dans le corps humain d'un organe étranger qui lui est devenu nécessaire. On parle aussi de transplantation. On greffe: Pour remplacer ou suppléer un organe en défaillance sévère et irréversible, et dont la fonction est vitale, Pour permettre à un malade de retrouver une existence normale. Une autogreffe est une greffe dans laquelle le greffon provient du sujet lui-même: le donneur est aussi le sujet qui va recevoir la greffe. Une allogreffe (ou homogreffe) est une greffe faite à partir d'un donneur. Une xénogreffe est une greffe pratiquée entre deux organismes d'espèce différente, par exemple greffe d'un organe d'animal chez l'homme. Ce type de greffe n'est pas viable actuellement. Quels sont les organes (et les tissus) que l'on peut greffer? Prélevés de son vivant ( plus de détails): Essentiellement les Cellules Souches Hématopoïétiques (ou moelle osseuse, donneurs familiaux ou non) Rein, entre proches du cercle familial Peau Fragments osseux Lobe hépatique et lobe pulmonaire (exceptionnellement) Prélevés après la mort (en état de mort encéphalique): Cœur Foie Rein Cœur-poumon Poumon Pancréas Os – cartilage Cornée (partie transparente du globe oculaire, située devant l'iris – on ne prélève pas l'œil) Peau Intestin (rarement) Répartition des greffes réalisées Depuis quand greffe-t-on?
« Cette opération ne peut pas être effectuée sur tous les malades de " zone grise ", prévient cependant le Pr Édouard Sage. Elle n'est envisageable que pour ceux qui ne souffrent pas de comorbidité. C'est parce que le patient était seulement touché aux poumons que l'opération était possible », souligne-t-il. À lire aussi À l'hôpital Foch, une unité dédiée à ces patients Covid qui peinent à guérir Une opération complexe L'opération a été effectuée le 1er novembre, deux jours après l'admission du malade à Foch. Une opération extrêmement complexe sur un malade fragilisé par près de six semaines de coma. « Le geste technique est le même, explique le Pr Sage, mais le malade avait une longue histoire de réanimation préalable qui l'a profondément fragilisé ». Aujourd'hui, treize jours après l'intervention, le patient se porte « au mieux », se félicite le chirurgien qui rappelle cependant que le reconditionnement après une telle opération prendrait « des mois ». « Tout cela n'a pu avoir lieu que parce que, malgré la crise sanitaire, on a encore des organes alloués par agence de la médecine, rappelle le médecin.
Pas d'espoir d'amélioration Pour le Pr Édouard Sage, du service de chirurgie thoracique et de transplantation pulmonaire de l'hôpital Foch, « le patient était dans un état extrêmement grave, sans aucune chance de guérison, à moins d'une opération ». Il détaille: « il y a trois types de profils chez les cas graves: pour les premiers leur état s'améliore, ils guérissent. Pour les deuxièmes, leur état s'améliore et malheureusement, ils décèdent. Pour les troisièmes, leurs états ne s'améliorent pas, mais ne s'aggravent pas non plus: ils sont dans une sorte de zone grise, qui ne laisse pas de chance de guérison ». « Le patient était dans un état extrêmement grave, sans aucune chance de guérison, à moins d'une opération » Pr Edouard Sage, chirurgien Ces patients en « zone grise » ont été identifiés au terme de la première vague. C'est au cours de l'été, lorsque la maladie a reflué, que les médecins ont identifié une possibilité d'intervenir pour eux. « Dans cet état, la complication peut arriver à tout moment, mais elle laisse aussi place à la transplantation », résume le Pr Sage.